Portrait d'artisan #2 - Maria-Rosa Mdauteuil

Marie-Rosa MDauteuil

Pour le mois de novembre, nous partons pour un peu de fraîcheur, jusqu'en Finlande, pour découvrir le portrait de l'artiste Maria-Rosa. Québécoise d'origine, elle a passé quelques années en France avant de poursuivre son chemin dans le pays des mille lacs. Inspirée par l'univers végétal et habitée par une forte conscience écologique, la rayonnante Maria-Rosa nous fait voyager à travers des oeuvres contemporaines poétiques et délicates.

 

1 - Parlez-nous un peu de vous 

Bonjour, je m'appelle Maria Rosa ! Je suis une artiste québécoise établie en Finlande et mon travail consiste à préserver des pétales de fleurs sur un bois local éco-responsable. J'immortalise des souvenirs reliés à des événements mémorables tels qu'un mariage, un anniversaire, une remise de diplôme et même des funérailles. Mon univers artistique participe également à la lutte contre le gaspillage floral.

 

2 - Pourquoi avoir fait le choix du végétal comme matériau principal  ?

Je travaillais déjà des matériaux organiques (ossements, fourrures, peau de poisson...) et lors de ma première exposition en Finlande, on m'a offert un magnifique bouquet de tulipes et ça m'a parue une évidence: je devais conserver ce souvenir, le rendre éternel et éviter de gaspiller de si belles fleurs.

 

3 - Quel est votre rapport à la Nature dont vous vous inspirez pour vos créations ?

Les fleurs sont une œuvre d'art en soi, à chaque ouverture de presse, c'est des couleurs et des odeurs qui me laissent à chaque fois contemplative.

 

4 - Un élément, un végétal ou un motif qui vous inspire particulièrement ?

Dans chaque pétale, il y a une empreinte comme celle que nous avons au bout de nos doigts. Je ne me lasse pas de voir ces nervures si parfaites.

 

5 - Quelle(s) initiative(s) éco-responsables avez-vous mis en place au sein de votre atelier ?

Plusieurs petits gestes et j'espère en faire de plus en plus avec les années.

Je regarde la provenance et la composition de chaque produit, matériaux. Au maximum, mes achats sont locaux et si ce n'est pas possible, je me concentre auprès de compagnies certifiées éco-responsables sur le territoire européen.

Je vise le minimaliste dans la composition de mon art. Plus la liste est courte, mieux c'est!

Tout le matériel d'emballage est fait à partir de récupération.

Je produis une partie de mon papier à partir de mon bac de récupération.

Toutes retailles de bois, de fleurs sont compostées à mon domicile.

Je fais pousser des fleurs dans mon jardin pour le plus grand bonheur de la faune et la flore, qui seront utilisées par la suite dans des oeuvres.

Je limite ma consommation d'électricité. Un seul bouton ferme tous les appareils électroniques en veille (wifi, lumières, imprimante....)

 

6 - Souhaiteriez-vous transmettre votre savoir-faire auprès de la jeune génération ?

Et pas que, à toutes les générations! L'idée de faire des ateliers en mixant personnes âgées et jeunes me plaît beaucoup. J'affectionne particulièrement ces interactions car il y a une ambiance particulièrement conviviale et on en sort de belles leçons de vie.

 

7 - Que pensez-vous du statut d’artisan d’art/ artiste aujourd’hui ?

Qu'il est de plus en plus pris en considération. C'est si agréable d'encourager une personne qui fait des produits uniques à toute petite échelle. Ce sont des métiers de cœur remplis de sens.

 

8 - Que diriez-vous à une personne qui souhaite devenir artisan d’art/ artiste ? Avez-vous un conseil ?

De s'entourer et de toujours s'instruire. Je crois que l'on en vient à notre plein potentiel lorsque nous sommes bien entourés, ouverts aux autres. Faire des formations en parallèle est selon moi une belle façon de rester à jour, rencontrer d'autres artisans et de pouvoir progresser dans sa carrière. Donner c'est aussi recevoir. Pour moi, je trouve important de partager notre savoir-faire, les bons et les mauvais coups reliés à la gestion de notre entreprise pour aider notre prochain.

 

9 - Il y a-t-il un Chef ou un établissement avec lequel vous aimeriez particulièrement collaborer ?

Je suis toujours à la recherche de partenariats, tels que fleuristes, wedding et funeral planners passionnés qui ont une vision éco-responsable de leur entreprise et qui ont une approche bienveillante. Je suis structurée dans mon travail mais les relations humaines passent avant tout. Travail et plaisir font la paire dans mon livre à moi.

Dans ma carrière, j'aimerais participer à un grand événement comme le défilé Automne-Hiver 2012-2013 de la maison Dior.

En trois jours de montage, un million de fleurs piquées une à une....je suis à la fois émerveillée par toute cette splendeur et à la fois inquiète du sort des fleurs à la fin de cette événement et de son empreinte écologique.

Dans mes rêves, j'arrive avec une équipe pour lutter contre le gaspillage floral et redonne une seconde vie en redistribuant les pétales pour des ateliers, des décors, des oeuvres, d'autres événements...bref, j'ai le droit de rêver! 

 

10 - Où et comment vous imaginez-vous professionnellement dans cinq ans ?

En partageant mon savoir-faire, j'aimerais créer des Maria Rosa un peu partout en Europe pour lutter contre le gaspillage floral. J'aimerai que ce métier perdure et que la préservation des bouquets mémorables devienne une tradition.

Continuer à accompagner les gens dans des moments forts de leur vie car derrière chaque bouquet, il y a une histoire empreinte de sens.

© Maria-Rosa MDauteuil

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